Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 6 juin 2017
Société

Les inégalités de revenus s'accroissent aussi par le bas en France, selon l'Observatoire des inégalités

Les inégalités de revenus ne s'accroissent plus seulement par le haut, les catégories les plus modestes de la population ayant vu leur niveau de vie diminuer sur une période de dix ans, signale l'Observatoire des inégalités dans son second rapport publié la semaine dernière.
Entre 2003 et 2014, les 10 % les plus favorisés (de plus de 3 000 euros nets mensuels après impôts et prestations sociales pour une personne seule, jusqu'aux « super-riches » ) ont vu leur niveau de vie s'améliorer globalement (+272 euros par mois en moyenne), malgré une nette diminution entre 2011 et 2013 sous l'effet notamment des hausses d'impôts, selon ce rapport. Les classes moyennes, elles, ont plutôt connu une période de stagnation sur la même période.
Le niveau de vie des 10 % les plus pauvres a évolué en dents de scie, mais au total, il a diminué en moyenne d'une trentaine d'euros par mois. Ce mouvement, qualifié de « retournement historique »  dans le rapport, ne s'est cependant « pas accentué »  depuis deux ans, a tempéré Louis Maurin, directeur de l'Observatoire, lors d'une conférence de presse. « Le modèle social français a un peu amorti le choc », a-t-il dit.
Le Rapport sur les inégalités en France, de 175 pages, recense les données disponibles dans d'autres domaines (éducation, chômage, logement, patrimoine, santé ...) et dresse un constat qui se veut « nuancé ». « Je ne sais pas si en général, les inégalités augmentent ou pas. Il n'y a pas une réponse simple, souligne Louis Maurin. La diminution des niveaux de vie des plus pauvres est quelque chose qui est dangereux, qui fait monter les tensions, mais il y a d'autres domaines présentant des améliorations, qu'il ne faut pas négliger ».
L'Observatoire, qui refuse de verser dans la « dramatisation », estime caricatural de dire que l'école française amplifie les inégalités, et estime que le modèle social à la française « n'est pas à l'agonie ». Il présente dans un tableau des domaines où les inégalités sont en hausse (+950 000 personnes pauvres entre 2004 et 2014, taux de chômage des 20-24 ans en hausse de 3,3 points entre 2005 et 2015), d'autres où elles stagnent et des domaines où elles diminuent (part des filles à l'université, part de femmes maires, écart d'espérance de vie entre hommes et femmes).
Le rapport ne fait pas de recommandations, se voulant un outil de réflexion et d'action pour la nouvelle majorité. Mais pour Louis Maurin, une réforme utile pour réduire les inégalités serait une profonde « modernisation »  de l'école, avec « beaucoup moins de notation »  et plus d'encouragement des élèves, pour lutter contre le « tri social »  qui s'y fait. (AFP)

Pour commander le rapport sur les inégalités en France.

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